« Qu’il soit également dit que ce jour-là, je fouettai et chassai les prêteurs sur gages du temple et dénigrai durement et ouvertement les scribes et les Pharisiens. Tous ces actes étaient des impulsions d’attachement-rejet émotionnelles magnétiques. Délibérément, je scellais ma mort future par crucifixion. Je savais exactement ce que je faisais car mon temps sur Terre touchait à sa fin et à vrai dire, j’étais impatient de quitter votre monde. » Lettre 8, p. 23, pdf
Chers amis, je reviens à cette citation dont nous avons parlé à plusieurs reprises, mais je trouve intéressant d’y jeter un regard d’un autre point de vue. Je ne pense pas que nous nous soyons jamais demandé que savait le Christ pour être si certain qu’il scellait sa mort future sur la croix et qu’il ne risquait pas seulement une punition légère ou d’être déchu, ou même expulsé ? Pourquoi le Christ était-il convaincu qu’à cause de son acte contre les usuriers, les marchands, etc. Il sera condamné à la peine de mort selon la procédure la plus rapide ?
Je vais essayer d’y répondre, en partie au moins, mais avant cela il faudrait noter qu’après tout, Christ a sillonné toute la Palestine pendant trois ans, prêchant ses sermons publiquement et ouvertement. Il a provoqué les pharisiens par son manque de respect envers Jéhovah, Il les a agacés et fait naître des envieux à travers ses guérisons publiques. Les pharisiens et les sadducéens le détestaient et l’ont blasphémé.
« Les Prêtres, les Pharisiens et tout le reste du fatras religieux savaient qu’aucun d’eux ne pouvait accomplir de telles choses – et c’est pour cette raison qu’ils me détestaient de défier leur autorité, qu’ils me détestaient pour ma force face à leur opposition et qu’ils m’insultaient pour avoir attiré les foules quand une guérison était faite que personne ne pouvait nier. » Lettre 9, p.4, pdf
Mais en prêchant l’amour fraternel, le pardon, l’amour inconditionnel, la non-violence, Il n’a reçu que du ridicule et, si je me souviens bien, les dirigeants juifs n’ont fait aucune tentative réelle d’interrompre ou d’interdire ni ses sermons, ni son enseignement. Et Il restait « impassible devant leurs attaques verbales. » Lettre 9, p.4, pdf
Avant de s’en aller de ce monde, le Christ décide de leur donner une „vraie“ raison pour qu’ils expriment leur haine et leur détestation. Il aurait sûrement été condamné, peut-être même par la « procédure expéditive », s’Il avait, par exemple, rejoint les Zélotes ( rebelles contre la domination romaine ) et s’Il avait exhorté le peuple à se révolter. Cependant, le Christ en choisit un autre défi – il a accompli un acte qui est également en parfaite harmonie avec sa propre compréhension des causes les plus importantes de la souffrance du peuple. Nous découvrirons immédiatement ce qu’il voulait dire exactement – il suffit de revenir à cette époque et de voir ce qui se passait réellement dans l’immense temple, avec la protection des prêtres et sous le regard bienveillant du Jéhovah le „tout-puissant“.
Imaginons un groupe d’adorateurs affluant vers le temple, dont la plupart sont des gens modestes. Ils sont accueillis par les usuriers qui leur prêteront de l’argent, puis ils doivent se rendre chez les changeurs et ce n’est qu’alors qu’ils peuvent acheter aux marchands l’animal à sacrifier. Je vous propose une partie d’une description d’Aline de Diéguez des pratiques du temple :
« Pour comprendre la fureur de Jésus, il faut se rappeler qu’au centre de la puanteur et du vacarme des animaux entassés trônaient les fameux „changeurs„. Comme leur nom l’indique, ils étaient censés „changer“ les pièces de monnaie variées légalement en cours, présentées par les pèlerins et les fidèles, en une monnaie dont ils avaient le monopole: le demi-shekel. En effet, le rituel du temple était si astucieusement codifié que seule cette pièce-là permettait d’acheter les animaux du sacrifice et de s’acquitter de l’impôt religieux. Or, au lieu de „changer“ honnêtement un shekel en deux demi-shekels, ces rapaces ancêtres des banquiers-usuriers se payaient grassement et exigeaient plusieurs fois le montant réel de la valeur en échange de la délivrance de la précieuse pièce de monnaie „religieuse“.
C’est eux, tout particulièrement, que Jésus a traités de „voleurs„. Il fut donc le premier rebelle qui tenta de détruire le système capitaliste usuraire qui s’était établi à l’ombre des motivations religieuses et sur lequel était fondée la prospérité des notables du temple – sacrificateurs, scribes, prêtres grands et petits et de multiples autres simoniaques. C’est pourquoi il a qualifié cette institution une „caverne de voleurs“ et ses membres des „bandits“.
Les évangélistes Luc et Marc lient clairement l’arrestation de Jésus et sa condamnation à mort à cet acte révolutionnaire de mise en cause de l’organisation financière frauduleuse sur laquelle reposait la prospérité des dignitaires religieux, grand prêtre en tête : „Les principaux sacrificateurs et les scribes, l’ayant entendu, cherchèrent les moyens de le faire périr ; car ils le craignaient„, écrit Marc. Ces derniers étaient d’autant plus inquiets et furieux contre cet agitateur public que „la foule était frappée de sa doctrine“, ce qui signifie qu’elle approuvait le geste sacrilège. Il fallait donc mettre un terme au plus vite à une sédition naissante qui risquait de détruire le juteux commerce dont ils étaient les bénéficiaires privilégiés.
Mais les „changeurs“ n’étaient pas les seuls bénéficiaires du juteux commerce qu’engendrait la „caverne de voleurs“ dans laquelle officiait un pléthorique personnel de prêtres-sacrificateurs qui pratiquaient un lucratif commerce de viande de boucherie, puisque seul le sang était offert en hommage à la divinité alors que la viande devenait la propriété des sacrificateurs. C’est la coalition de tous les profiteurs qui gravitaient autour et dans le temple qui a abouti à l’élimination expéditive du trublion. »
Et donc, je pense qu’il devient plus clair pourquoi, au lieu de s’attaquer à l’autorité romaine qui imposait un impôt aux Juifs, le Christ a dirigé sa colère vers une alliance, une beaucoup plus effrayante association pratiquant le contrôle mental et religieux, soutenue par la peur des péchés imaginaires, motivée par l’argent, par l’intérêt et par le sang des animaux innocents. Et le Christ a certainement touché par son geste le centre nerveux le plus sensible de l’un des premiers groupes au monde, organisés pour exploitation financière, car Il a été arrêté et interrogé le lendemain, condamné le jour suivant, puis torturé à nouveau et crucifier. L’exposé se prolonge un peu plus et je m’arrête ici, mais pas avant de souligner que, dans l’histoire du monde qui a suivi la crucifixion du Christ, des personnalités le plus haut placées ont payé de leur vie pour avoir tenté de s’opposer à de telle alliance aussi inhumaine qu’horrible.
Mais nous savons déjà que même s’ils peuvent paraître très justes, de tels actes de résistance sont aussi un produit de l’ego. Et certainement pour cela aussi que Christ est revenu avec ses Lettres – pour conduire, finalement, ses brebis bien aimées sur le VRAI Chemin vers le Royaume des Cieux sur Terre, le Chemin du Christ.
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