La Porte-parole commente :
Nous avons là un cas où Jésus transcende son ego, nous donnant par là un exemple de la manière dont nous devrions, de la même façon, dépasser notre ego, nos maux et nos douleurs, même si nous nous trouvons apparemments seuls, isolés et dans le besoin. Et nous traversons tous de tels moments désespérément solitaires d’isolement et de rejet.
Jésus était blessé, mais il ne réagit ni ne céda à ses sentiments; il lutta pour les transcender et, émotionnellement autant que mentalement, s’en détacha pour se rendre réceptif aux émotions de ses disciples choqués. Il s’identifia à ses disciples et comprit parfaitement pourquoi ils étaient traumatisés face à la possibilité maintenant très réelle de perdre leur guide et sa protection. Ainsi, en surmontant son propre désespoir, il trouva la paix en son coeur, parce qu’il pouvait pardonner et ressentir de la compassion pour ce qu’enduraient ses disciples.
Voilà ce qu’est le Royaume des Cieux sur la terre, manifesté dans sa forme la plus pure. C’est un état dans lequel, tout en vivant encore dans sa condition humaine de douleur, de souffrance, de privations et de déceptions, on ne s’autorise pas à s’y vautrer mais on s’oblige à accéder à l’état céleste où l’on peut rencontrer la souffrance de ses adversaires et voir leur douleur et leur souffrance presque aussi clairement que les siennes propres.
Le merveilleux paradoxe, ici, est que lorsque l’on voit clairement la douleur de ceux qui nous ont fait du mal, notre propre douleur se dissipe et disparaît très rapidement. En arrivant à la compréhension parfaite de ceux qui nous ont blessés, nous atteignons une immense paix intérieure et un joyeux afflux d’amour. Plus loin dans cet épisode, Jésus décrit comment il est revenu dans une véritable unité spirituelle avec ‘le Père’ et a su qu’il trouverait la force de vivre sa crucifixion avec amour et compassion envers tout le monde. Christ est revenu expressément pour décrire – à notre intention – le chemin par lequel nous aussi, nous pouvons trouver l’unité avec la Conscience Divine.
Extrait de la Lettre 3 :
Tout l’amour que j’avais ressenti pour mes compagnons, tout ce que j’avais tant désiré accomplir pour eux – en ce moment où j’avais tellement besoin d’eux – ne rencontrait qu’incompréhension, voire de la résistance. Leur seul souci était de savoir ce qu’il allait advenir d’eux. Il n’y eut aucune parole de réconfort, aucune offre d’aide, ou d’angoisse pour mon épreuve à venir.
Que le cœur humain était dur, pensai-je. Combien de siècles faudrait-il avant que l’homme soit capable de dépasser ses maux et sa propre douleur pour ressentir la moindre parcelle d’amour et de compassion pour ceux qui étaient encore plus malheureux que lui ?
Et ainsi, bien qu’amèrement déçu et même blessé par leurs réactions égoïstes, je les comprenais aussi et tentai de donner à mes disciples le courage de faire face au futur, et je les assurai que je serais toujours avec eux, même lorsqu’ils ne me verraient pas.
L’œuvre que j’avais commencée continuerait depuis l’au-delà. Je ne les laisserais pas seuls.
Je leur dis de se référer aux souvenirs qu’ils avaient de moi lorsque j’étais avec eux. Je les avertis qu’il y aurait beaucoup de gens qui continueraient leur chemin dans la connaissance que je leur avais donnée, mais que des étrangers chercheraient à ajouter la voix de la tradition et de la raison à mes enseignements. Mes paroles seraient si déformées qu’elles ne révéleraient finalement plus la Vérité originelle que j’avais apportée au monde.
Lorsque je leur dis que cela allait se produire, ils se fâchèrent – et même paniquèrent. Je fus soulagé de voir que mes enseignements n’avaient pas été vains après tout – ils n’étaient pas entrés dans des oreilles complètement sourdes. Ils me demandèrent de leur en dire davantage, mais je levai les mains et dis que c’était tout ce que je pouvais leur dire.
Arrivé à ce stade, je sentis que j’avais dit tout ce que j’avais à dire pendant que j’étais sur Terre et que mes discours aux hommes avaient été accomplis. Ce que je désirais le plus au monde était de me retirer dans le silence et de trouver paix et soulagement dans mon lien avec le Père.
Nous quittâmes la salle à manger et nous dirigeâmes vers le Mont des Oliviers, mais l’humeur de mes disciples était un mélange de conflit intérieur, de crainte et de doute. La plupart d’entre eux me quittèrent pour rejoindre leur famille et leurs amis qui célébraient toujours leur Pâque juive.
Dans le jardin se trouvait un rocher particulier, en forme de petite caverne. J’aimais m’y abriter du vent. Et je m’assis donc et méditai et priai, cherchant ma voie vers l’harmonie exaltante que j’avais atteinte autrefois. Je savais qu’en entrant en unisson avec « l’Amour Père », mes peurs disparaîtraient et que je me retrouverais dans un état de paix et de confiance totales et absolues. En même temps que je sentais la Puissance de l’Amour me pénétrer et posséder ma conscience humaine, la force d’endurer ce qui m’attendait prit possession de mon cœur. Je serais capable de rester dans l’Amour et de donner de l’Amour jusqu’à mon dernier souffle.
Et il en fut ainsi.
Je n’essaierai même pas de revenir sur le procès et la crucifixion. Cela ne porte pas à conséquence.
Lorsque, finalement, je mourus sur la croix et que mon esprit se fut retiré de mon corps torturé, je fus élevé dans une LUMIÈRE radieuse et ineffable. J’étais entouré de la chaleur et du bien-être de l’AMOUR comme je ne l’avais encore jamais été. J’avais la sensation d’être enveloppé de louanges, de l’assurance puissante d’avoir bien travaillé, d’extase dans la force universelle pour continuer l’œuvre, et d’une joie et d’un ravissement qu’aucun état terrestre ne connaîtra jamais. J’accédai à une nouvelle et merveilleusement belle façon de vivre mais redescendis tout de même en conscience afin de rester en contact avec ceux que je laissais derrière moi. Je pus me montrer à ceux qui étaient suffisamment sensibles pour me voir. Cependant, l’histoire de Thomas, censé avoir désigné du doigt mes blessures, est un non-sens.
Mes disciples ne savaient pas que je m’étais secrètement arrangé avec Joseph d’Arimathée pour qu’il emporte, après ma mort, mon corps vers son propre tombeau inutilisé, où il put l’oindre, selon la coutume, avant le coucher du soleil. Puis, lorsque l’obscurité tomba et que tout le monde observa le Sabbat à Jérusalem, assisté de deux fidèles serviteurs à cheval, il prit secrètement mon corps pendant la nuit pour l’emmener, hors des sentiers battus, vers une montagne des environs de Nazareth, en Galilée. Là-bas, assisté par ma famille et s’il suivait mes instructions, il trouverait une petite caverne cachée qui m’avait abrité des tempêtes et où je me réfugiais contre les gens lorsque j’étais jeune, malheureux, rebelle et en guerre contre le monde entier. Joseph me promit de trouver la caverne d’après une carte que je lui avais donnée et de m’y laisser après m’avoir embaumé. Il refermerait hermétiquement la petite entrée afin de la protéger contre d’éventuels intrus. Là bas, mon corps repose, à l’abri des tourments.
Source : Commentaires de la porte-parole sur les Lettres